Festival International de Hammamet

Actualités

L’improbable face à face

 

 

La 2ème soirée du festival international de Hammamet a été marquée par l’interprétation magistrale d’un trio d’acteurs. Ghazi Zaghbani, Nadia Boussetta et Mohamed Ali Grayâa, les protagonistes du huit-clos haletant « El Harba- La fuite » n’ont pas laissé de marbre un public venu nombreux les applaudir.

Le 4ème art était au rendez-vous dans l’enceinte de la villa Sebastian. Mise en scène et jouée par Ghazi Zaghbani, son œuvre « La fuite » s’est jouée à guichet fermé dans la soirée du 11 juillet 2018. La thématique de la pièce, à la fois audacieuse et subtilement traitée la rend toujours aussi attrayante.

Le public se retrouve témoin d’un face à face improbable entre une prostituée et un fanatique religieux. Ce dernier tentait d’échapper à la vigilance des autorités et se retrouve coincé dans l’antre d’une fille de joie. Commence alors un dialogue tumultueux entre les deux personnages que tout oppose.

Le Huit-clos se déroule dans l’enceinte d’un espace fermé : la chambre d’une prostituée, au décor minimaliste reconstituée et parfaitement adaptée à ce qu’on appelle de nos jours un « théâtre de poche », que Ghazi Zaghbani maitrise minutieusement. Le spectateur fait brutalement la connaissance d’une travailleuse de sexe « Narjess » vêtue légèrement et d’un extrémiste à la barbe et au quamis longs. Ce dernier fait irruption chez elle, fuyant la police à ses trousses. « Narjess » l’aidera malgré l’idéologie extrémiste qu’il prône.  

Eclate alors un dialogue salace et subtil pendant 1h. Les deux personnages, sensés se repousser fusionneront au fur à mesure de cette rencontre.

L’objectif de l’œuvre est de mettre en relief les contradictions d’une Tunisie, tiraillée entre modernisme et conservatisme et accentuées depuis l’éclatement de la révolution. Ce petit pays, qui demeure le plus ouvert du Maghreb et du Moyen-Orient continu de subir les aléas d’un soulèvement populaire doublé par une crise identitaire. Rongé par le conservatisme, il continu tant bien que mal de résister. « Harba-La fuite » de Ghazi Zaghbani est un hymne à la tolérance et une invitation au dialogue et au vivre ensemble malgré les différences.

Joué dans l’enceinte d’une salle située à Dar Sebastian, les spectateurs ont résisté jusqu’à la fin du spectacle, malgré la chaleur pesante. L’œuvre, conçue à l’espace L’Artisto à Tunis, devait toujours  se jouer dans un espace clos en cas de décentralisation car elle repose sur la proximité qui unit les personnages à leur public.  Le texte de « La fuite » est une adaptation du roman  en français de Hassan Mili « La P… savante » et sera adapté bientôt sur grand écran. 

Le 12 juillet à 22h, place à « Feh el Ambar – Parfum d’ambre » dirigé par Zied Gharsa & Mohamed Adlen Fergani qui joueront dans l’amphithéâtre de la ville d’Hammamet sous la direction du maestro Mohamed Lassoued et l’Orchestre Symphonique Tunisien. Un spectacle sonore qui réunit le patrimoine tuniso-algérien. La Constantine sera en effet à l’honneur. Le spectacle a pour objectif de préserver le patrimoine musical de ses deux pays et plus précisément le Malouf porté par deux monuments de la scène musicale : l’incontournable Zied Gharsa et l’algérien Mohamed Adlen Fergani. Evasion garantie avec ces deux virtuoses dans les temps de l’Andalousie. Sonorités diverses et raffinées qui évoqueront le passé et enrichiront le présent.