Festival International de Hammamet

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Chaouia de Nidhal Yahyaoui au FIH55
Chaouia de Nidhal Yahyaoui au FIH55

 Le concert Chaouya de Nidhal Yahyaoui présenté hier au théâtre de plein air de Hammamet dans le cadre de la programmation de la 55 ème édition du Festival international de Hammamet, a pris les allures d’une fête foraine avec un public qui s’est accommodé avec les airs entrainant de la musique du terroir Chaoui. 

Dans ce spectacle qui a plongé le public dans l’atmosphère rurale du Sahel et dans l’ambiance des cérémonies de mariage de l’époque d’or de la chanson de cette région, le tout s'enchaîne à un rythme soutenu, pendant plus de deux heures, portant les spectateurs à danser et à chanter sur les rythmes entraînants des compositions les plus frivoles mais ponctuées aussi de soupirs. Nidhal Yahyaoui qui a promis au public dès le départ, un concert qui allait les tenir debout et en haleine, a relevé le défi.

Ainsi, avec les premières intonations des morceaux « Halliloula », « Zrag el Oucham », « Najaa Ouled Harb », « El Ain Souda » et « Nakhlet Jbara », les musiciens et chanteurs, se sont donnés à fond pour restituer la magie des modes ruraux, présentés sous une nouvelle partition.  

Combinées à un mélange unique d'électro et d'instruments traditionnels, ils ont fait émerger un rythme envoûtant, aux épices tunisiennes.  En effet, les musiciens ont alterné avec brio des airs puisant dans les modes citadins et ruraux, dans les registres Chaoui, exprimant ainsi la puissance et la particularité des sons des instruments populaires.

Le concert est épuré des notes stridentes de la Gasba, les partitions grossières seront remplacées par des modes d’une musique plus élaborée, plus savante, plus riche. Le public entrera en transe aux premières sonorités Ouroubi, qui mettront le feu aux gradins. 

Conçu et dirigé artistiquement par Nidhal Yahyaoui, «Chaouya» a été assuré musicalement par le guitariste Mahdi Bahri, le bassiste Marouan soltana, Mohamed Ali Chebbi à la Gasba, Imed Rezgui à la Tbala et Youssef Soltana aux drums. La performance de ces musiciens a enflammé le public qui s’est laissé entrainer par les airs enfiévrés de la musique du terroir. 

Les artistes ont interprété à merveille un best-of des chansons qui forment le socle mélodique des régions côtières de la Tunisie. Ils ont puisé dans le répertoire Chaoui, qui a émaillé la scène musicale sahélienne. 

Dans un clin d’œil à la fraternité des genres populaires musicaux tunisiens et qui a permis au public de découvrir l’étendue du répertoire  des régions du Nord-Ouest, issus de son précédent concert « Bargou 08 », « Chaouya » allait faire plonger le public dans l’univers du chant « Ouroubi » proche du legs de Saliha. A l’émotion forte succède la joie sur des airs festifs qui ont mis en branle les festivaliers avec un cocktail détonnant généré par un mix judicieux qui a offert au public  un aperçu sur le raffinement des modes et la subtile ornementation musicale de Nidhal Yahyaoui. Au-delà de simples fusions musicales, « Chaouya » tend à un partage des univers musicaux, refuse les classifications anciennes entre le moderne et le traditionnel, car tout en puisant dans les profondeurs du répertoire traditionnel «Chaoui», il le réactualise en donnant place aux nouvelles sonorités, bousculant ainsi les rythmicités du présent et du passé, en les réinventant.

 

La suite allait hypnotiser le public avec plusieurs moments forts signés par l’artiste qui allait faire remonter la sauce auprès d’un public endiablé par les deux chansons Ouroubi. Ils ont pu  concocter un concert qui fini sur un tableau de haute voltige artistique. A la fin du spectacle le public, se déhanchait sur les gradins et était en transe. L’adrénaline était à son seuil maximal. C’était l’apothéose. Le concert a conquis les cœurs des festivaliers.  Ce fut une ode à la vie, à la joie à travers une performance époustouflante qui a permis au public, le temps d’une soirée,  d’explorer des contrées musicales inédites. 

Dans une conférence de presse, tenue à l’issue du concert, Nidhal Yayaoui a assuré que la démarche de ce projet se distingue par l’originalité, la force de ne pas chercher les fusions simples ou les hybridités sans sens et que le projet « Chaouya » allait se développer davantage par le biais d’une recherche musicale qui repose sur un jeu de temporalités. Il a par ailleurs promis d’autres projets artistiques puisant dans les musiques et les voix ancestrales.