Festival International de Hammamet

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"JIL" de Imed Jemaa & "DIDON ET EN

La danse fut à l’honneur. En effet, le public a eu droit à deux concerts de danse à savoir « Jil génération » et « Didon et Enée ». Chacun de ces deux ballets, dans des structurations voire des pulsations différentes, avait un objectif convergent d’investissement d’un espace commun, à travers le tissage d’une pièce hypnotique et énergique, cherchant des échos spécifiques d’une partition intrigante. Ces deux concerts à double sens où la quête de la libération du corps entraîne la libération de la pensée et du corset des idées figées, a réinventé les rapports du corps à la musique.

C’est ainsi que le spectacle « Jil Génération », avec l’incertitude en toile de fond, a inscrit en pleine actualité une Tunisie postrévolutionnaire qui résonne d’accents contradictoires. Le spectacle a fondé sa dynamique sur l’audace et la peur… le courage et la lâcheté… la conscience et la léthargie… l’intelligence et l’ignorance… Soit tous les ingrédients qui ont opposé la jeunesse révolutionnaire tunisienne, face à leurs détracteurs, leurs ennemis jurés ; les passéistes. D’après une chorégraphie de Imed Jomaâ, l’objectif de cette pièce qui résulte d’une analyse sociopolitique, fut de mettre à nu une génération … Pour y parvenir, le chorégraphe a mis en scène des personnages complexes, agités, bouleversés et bouleversants ; des situations extrêmes, déchirées et déchirantes : course en avant, reculs, retraits. La gestuelle est brusque, forte, extrêmement énergique. Il a fait évoluer l’ensemble à coups de secousses. Tiraillé entre le passé et l’avenir, hier et aujourd’hui, avec une lecture de la belle époque des quartiers populaires arabes, le spectacle fut un mélange de joie, d’enthousiasme, de fraternité, mais aussi de peur, de colère, de doute et… d’espoir. 

Le sujet est brûlant. Il dérange. Il met au jour le courage à mains nues face aux sbires du pouvoir, qu’il s’agisse des détenteurs officiels de l’exercice politique ou des sectes obscures qui menacent la vie citoyenne sous prétexte de préceptes moraux dépassés et d’un autre temps. 

 

La deuxième pièce présentée  est une chorégraphie de Luca Bruni avec  des décors et des costumes de Mario Ferrari et une musique de H. Purcell et M. Schiavoni. Le drame de « Didon et Enée », très célèbre, y est revisité sur une musique classique, mais aussi sur celle où les sonorités orientales se font entendre et déguster. L’interprétation  de ce spectacle, qui est une nouvelle version de Didon et Enée, a constitué une parfaite osmose symbolisant le rapprochement artistique entre l’Italie et la Tunisie. «Didon et Enée » fut un voyage dansé à travers l’histoire mythique de Didon et Enée, tirée de l’œuvre de Virgile. Ce ballet a écrit sa contemporanéité avec des jeunes qui ont raconté en cercle leur propre histoire personnelle. On y retrouve les personnages principaux de l’œuvre ; Didon, Énée, Belinda, Mercure, les sorcières et les camarades d’Énée où la narration par mouvements et danses interposés va au-delà de la force de la destinée.